Judo. Un Eurois aux championnats du monde de Las Vegas
Arnaud Vautier, 41 ans, s'envole ce week-end pour Las Vegas, Nevada (États-Unis), pour y disputer les championnats du monde de judo, dans la catégorie vétéran (40-44 ans), en - de 73 kg du 4 au 7 novembre 2024.
Il n'y a pas que sur Netflix, où l'on peut découvrir des histoires et des parcours de vie de sportifs populaires qui inspirent le respect. Si celle d'Arnaud Vautier, un chef d'entreprise normand de 41 ans, devait se résumer en un seul mot, ça serait : le courage. Une revanche sur la vie pour le Normand qui est remonté sur les tatamis après plus 15 ans d'arrêt.
Couper dans son élan
Il y a maintenant un peu plus de 20 ans, le jeune Arnaud Vautier était destiné à un bel avenir en tant que judoka : "À 19 ans, j'ai été sélectionné en équipe de France de judo dans la catégorie des - de 66 kg". Mais le judo étant une discipline où les traumatismes corporels sont violents, à 21 ans, un médecin annonce à Arnaud Vautier que ses rêves de devenir judoka professionnel sont terminés. " J'ai eu pas mal de problèmes physiques au dos. Du coup pour préserver ma santé, j'ai dû ranger mon kimono."
À 21 ans, Arnaud pense que la page du judo est définitivement tournée pour lui. C'était sans savoir que la vie allait lui donner une nouvelle chance.
Les années passent et Arnaud devient un chef d'entreprise fleurissant. Du côté sportif, il s’entretient pour ne pas perdre la ligne, puis il transmet le virus des tatamis à son fils. "En 2014, j'ai décidé de reprendre le judo pour accompagner mon fils, mais sans chute, juste en montrant les gestes."
Cependant, rôder dans les dojos ranime en Arnaud la flamme du compétiteur. "Dans un premier temps, j'ai décidé de reprendre avec le ju-jitsu combat, où il y a moins de chutes afin de préserver mon dos."
Mais l'envie de reprendre avec sa discipline phare démange ce dernier de plus en plus.
Le retour de la flamme du combattant
À force d'être présent dans les dojos pour voir son fils et en discutant avec les enseignants, ces derniers demandent à Arnaud de transmettre aux enfants ses connaissances de judokas. Mais cette appréhension de se blesser est trop forte. "L'idée à fait son chemin et j'en avais envie."
Il poursuit : "Afin de mettre toutes les chances de mon côté, pour ne pas me blesser lors d'une démonstration, j'ai fait de la kiné pendant six mois afin de travailler la mobilité du bassin." Entre-temps le Covid passe par là, mais Arnaud continue de travailler et neuf mois plus tard ses douleurs au dos appartiennent au passé.
Un retour fracassant
Après le Covid, en 2021, c'est toujours avec son fils qu'Arnaud retrouve ses sensations de judoka, sa ceinture, son kimono et enfin les tatamis. "Au début, j'y allais doucement pour vaincre l'appréhension des chutes et petite à petit j'en avais plus aucune." En voyant son niveau, l'un des entraîneurs, Benoît Duchossoy parle à Arnaud des compétitions pour les vétérans. "Au fond de moi, lorsque j'ai repris j'avais cette envie de reprendre la compétition. Car même si cela faisait plusieurs années que je n'avais pas combattu, cet instinct de compétiteur était toujours présent en moi."
À partir de septembre 2023 et près de 20 ans sans compétition, Arnaud en enchaîne trois en l'espace de quatre mois. " À chaque fois, je termine sur le podium (1er, 2e et 3e)." Grâce à ses bonnes performances, Arnaud devient éligible pour disputer les championnats de France 2024.
À ces derniers, Arnaud parvient à se hisser dans le top 10 (7e), c'est alors que l'idée d'aller se mesurer aux meilleurs judokas vétérans de la planète fait son bonhomme de chemin. "Je sais qu'aux championnats du monde, c'est un tout autre niveau."
Il explique : "Il y a des judokas qui ont disputé les Jeux Olympiques et à de multiples championnats du monde. Pour pouvoir faire bonne figure, je dois être au top physiquement."
"Tant que mon corps me le permettra, je combattrai "
Ces championnats du monde, organisés par la fédération internationale de judo, regroupent 1 500 athlètes (dont 150 femmes) à travers le monde. "Nous sommes sur une compétition de ce qu'il y a de plus officiel, régit par les règles internationales du judo."
Si entant que compétiteur Arnaud se rend à Las Végas pour la gagne, il est tout de même conscient de l'adversité à laquelle il va devoir faire face : "Je sais que j'ai un potentiel. À mon âge, je n'y vais pas pour faire carrière, mais pour en profiter et avoir un aperçu de ce qu'aurait pu être ma carrière si je n'avais pas été forcé d'arrêter."
Il conclue : "Ça va le faire, j'ai des incertitudes mais les autres en ont aussi. Je suis l'outsider, personne ne me connaît, je n'ai aucun palmarès contrairement au champion du monde en titre qui a disputé deux olympiades. Aujourd'hui à 41 ans, le but est de profiter. Et puis maintenant que j'ai regoutté à la compétition, et tant que mon corps me le permettra, je combattrai".
Même si sur le papier Arnaud Vautier est bien loin de partir favoris, nul doute que sa détermination et sa volonté l'aideront à gravir cet Everest, et puis comme le dit l'adage, impossible n'est pas français.
F.G.
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